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Une église gothique sans arcs-boutants


Bérégise, dans l'ombre d'Hubert

28 mars 2024 
Benoît Strepenne

Nous fêterons en 2025 le 1200e anniversaire de la translation du corps de saint Hubert de Liège à l’abbaye de Saint-Pierre en Ardenne à Andage. Son renom pourrait nous faire oublier que deux saints sont issus de l'abbaye elle-même.

Hubert, présenté en 1621 par le P. Jean Roberti comme le dernier évêque de Tongres, premier évêque de Liège et fondateur de la cité, s’imposa rapidement dans son nouveau lieu de repos, bousculant la toponymie locale: Andage devint Saint-Hubert et la dédicace à saint Pierre de l’abbaye s’effaça derrière le raccourci « abbaye de Saint-Hubert ».

Éloigné de Liège où il aurait pu faire de l’ombre à saint Lambert, accueilli dans la liesse par les bénédictins d’Andage, Hubert y relégua au second plan les deux saints issus du monastère: saint Bérégise, le fondateur, qui fut aumônier de Pépin de Herstal et de son épouse Plectrude, et le bienheureux Thierry Ier de Leernes, « la perle des abbés de son temps ».

Nous trouvons trois représentations de Bérégise dans la basilique. Vous découvrirez la première sur un panneau latéral du retable de la sacristie, peint vers 1700. La seconde, une statue plus ancienne, est posée sur l’autel de saint Hubert. La troisième, sculptée par Guillaume Geefs, se dresse à l’un des angles du cénotaphe de saint Hubert inauguré en 1847.

Les deux premières, réalisées pour l’abbaye, montrent le saint tenant dans sa main le billet céleste que, selon la légende relative à sa fondation, Plectrude aurait reçu alors qu’elle se reposait près des ruines du château d’Ambra, une villa ou un castrum gallo-romain dont une partie des fondations ont été découvertes en 2010 sous la place de l’Abbaye. Le texte, amputé par manque de place dans les deux représentations, est conforme à celui qui est cité dans le (faux) diplôme de fondation du monastère: « Hic locus a Deo electus ad salutem animarum multarum terra sancta est. » (Ce lieu, choisi par Dieu pour le salut de nombreuses âmes, est une terre sainte.)

La troisième, réalisée après la suppression de l’abbaye, nous montre Bérégise la portant sur le plat de sa main et rappelle ainsi qu’il en fut le fondateur.

Nous reviendrons sur le bienheureux Thierry.