La Province de Luxembourg a fêté en 2008 le 150e anniversaire de la ligne de Bruxelles à Arlon, concédée en 1846 à la Grande Compagnie du Luxembourg et inaugurée du 27 au 29 octobre 1858. Saint-Hubert ne pouvait considérer cette fête qu'avec distance : le train l'a négligée, plaçant sa gare à Poix, à six kilomètres de la localité.
Cette page contient plusieurs diaporamas qui peuvent nécessiter un petit temps de chargement. Les images se succèdent automatiquement. Placez le pointeur de la souris sur un diaporama pour interrompre le défilement.
Ce n'est que 28 ans plus tard, le 1er octobre 1886, que le bourg sera enfin relié au 'grand' chemin de fer par l'un des premiers chemins de fer vicinaux à voie métrique établis en Wallonie : la ligne SNCV 5 de Poix à Saint-Hubert.
Ce lien ferroviaire allait se maintenir 73 ans. Tout trafic cessa à Saint-Hubert en 1959 et les voies furent déposées dans les années qui suivirent.
En 1978 et 1979, André Dagant publiait dans les tomes 2 et 3 des Cahiers d'histoire les deux volets d'une importante étude consacrée au temps du rail à Saint-Hubert. Si, malgré la disparition des voies, l'essentiel des bâtiments de la gare vicinale de Saint-Hubert existait encore à l'époque, témoin muet de l'importance passée des infrastructures, trente ans plus tard seuls le papier et, provisoirement encore, les mémoires gardent le souvenir du rail borquin.
Qui donc sait encore aujourd'hui que – avec beaucoup de temps et de patience certes, de chance, peut-être – il fut un jour possible d'aller à Freux, Amberloup, Bastogne et au-delà ou, dans l'autre direction, à Paliseul, Bouillon, Corbion, Pussemange, voire même Sedan ou Gespunsart et Nouzonville par le rail au départ de la gare de Saint-Hubert ?
En voiture ! Partons pour une découverte rapide de ces lignes qui firent voyager nos prédécesseurs.
Temps de trajet en 1935: ± 16 minutes.
Vitesse moyenne sur ce parcours: ± 23,46 km/h.
Concédée le 27 mars 1886, la section de ligne de Poix à Saint-Hubert fut inaugurée le 1er octobre 1886. Elle suivait fidèlement le tracé de la route de Poix à Saint-Hubert, l'actuelle N808, dont elle occupait pour l'essentiel l'accotement droit.
Le km 0 était situé à Poix où les rames attendaient face à la gare "du grand chemin de fer" que leur clientèle les rejoignent.
Le terminus fut dans un premier temps la gare de Saint-Hubert située au km 6,1, face à l'actuel garage "Tout Auto", avenue des Chasseurs Ardennais, dans le quartier qui aujourd'hui encore porte le nom de "quartier du Tram". Le 3 mars 1924, une extension d'une longueur proche de 500 m, concédée le 4 décembre 1909, fut mise en service et relia la gare de Saint-Hubert au quartier du Fays.
Dès le 1er septembre 1957, le trafic voyageur fut assuré par des autobus, de rares rames assurant un trafic marchandise jusqu'en septembre 1959. La voie fut déposée en 1961-1962.
Temps de trajet en 1935: ± 48 minutes
Vitesse moyenne sur ce parcours: ± 15,60 km/h.
Proposée dès 1890 et concédée le 4 décembre 1909, la section de ligne de Saint-Hubert à Freux fut inaugurée le 10 mai 1924.
Le km 0 en était situé en gare de Saint-Hubert.
Établie essentiellement en site propre, elle avait une longueur totale de 10,916 km de la gare de Saint-Hubert à sa jonction avec la ligne de Libramont à Amberloup, à moins de 500 m du village de Séviscourt. La portion de voie en continuation jusqu'à l'arrêt de Freux-Suzerain (1,565 km) était considérée comme partie commune aux deux lignes.
Elle ne connut jamais qu'un trafic réduit.
La voie fut déposée en 1954. L'essentiel de l'assiette subsiste et est aujourd'hui utilisé comme chemin agricole.
Temps de trajet en 1935: ± 1 heure si pas d'attente à Maissin.
Vitesse moyenne sur ce parcours: ± 28,21 km/h.
Concédée le 27 mars 1888, la ligne sera mise en exploitation en trois tronçons successifs de février à octobre 1903 :
La ligne, d'une longueur de 28,210km, suivait la voie publique sur de rares tronçons, mais était pour l'essentiel établie en site propre.
Ci-dessus, extrait (agrandi) de la planche 59/7 (Grupont)
de la carte topographique au 1:20.000 imprimée en 1933 par l'Institut Cartographique Militaire.
Le service voyageur cessa le 16 janvier 1956.
Le trafic marchandise s'arrêta en trois étapes :
Temps de trajet en 1935: ± 40 minutes.
Vitesse moyenne sur ce parcours: ± 23,16 km/h.
Concédée le 18 décembre 1888, la ligne fut mise en exploitation le 12 octobre 1890.
Longue de 15,290 km, elle suivait d'assez près le tracé des routes de Paliseul à Menuchenet (actuelle N899) et de Menuchenet à Noirefontaine (actuelle N89). Le carrefour de Menuchenet en lui-même était toutefois soigneusement évité par l'ouest. La descente de Noirefontaine vers la station de Bouillon se faisait en site propre, par une voie particulièrement sinueuse.
Dès le 16 juillet 1955, certains services furent exploités par autobus. Le trafic voyageurs s'arrêta le 2 juin 1957. Celui des marchandises se termina le 1er juin 1960.
Temps de trajet en 1935: ± 1 heure 10 minutes.
Vitesse moyenne sur ce parcours: ± 20,33 km/h.
Concédée le 24 août 1904 pour le tronçon de Bouillon à Corbion et en 1908 pour son prolongement vers Pussemange, la ligne fut mise en exploitation progressivement de 1907 à 1925 :
D'une longueur de 22,363 km, la ligne de Bouillon à Pussemange épousait assez fidèlement le tracé de la route de Bouillon vers Corbion et Sugny (actuelles N810 et D777, anciennes N44 et N77ter), dont elle ne s'écartait guère qu'entre la station de Corbion et la jonction vers Sedan. Elle quittait la station de Bouillon par un tunnel percé sous la crête Saint-Pierre, descendait vers la Semois qu'elle franchissait par le pont de France et s'enfonçait dans le tunnel sous le château avant de monter en accotement vers Corbion. Peu après Corbion, la voie faisait une incursion en France et la ligne vers Sedan s'en détachait à gauche. Le territoire belge était retrouvé peu avant le village de Sugny. De Sugny à Pussemange, le trajet se faisait pour partie en site propre et pour partie en accotement de voiries locales.Le service voyageurs cessa le 16 juillet 1955. Un service aller-retour quotidien fut toutefois maintenu entre Bouillon et Corbion jusqu'en 1957. Le trafic marchandises s'arrêta le 1er juin 1960.
Le 17 juillet 1910 fut inaugurée une liaison Corbion-Sedan, fermée en 1933, qui utilisait la section de Corbion (Village) à Corbion (Frontière) de la future section de ligne vers Sugny et Pussemange.
Le 1er mai 1925, Pussemange fut relié à la ligne française de Nouzonville vers Gespunsart, qui, initialement construite avec un écartement de 80 cm, se vit ajouter un troisième rail pour permettre la liaison avec le réseau belge à voie métrique. Cette liaison fut fermée en 1940.
Bibliographie
Cappiau (Christiane), Images et Nostalgie entre Amberloup et Pussemange, Rail Memories, Mondorf-les-Bains, sans date
Chemins de Fer belges, Horaires des trains du 15 mai au 5 octobre 1935 inclus, fac-similé, PFT-TSP, 1989
Dagant (André), "Le temps du rail à Saint-Hubert - À toute vapeur" in Saint-Hubert d'Ardenne, Cahiers d'Histoire, Tome II, Saint-Hubert, 1978, pp. 223-258
Dagant (André), "Le temps du rail à Saint-Hubert - Au chant des Sherman" in Saint-Hubert d'Ardenne, Cahiers d'Histoire, Tome III, Saint-Hubert, 1979, pp. 119-154
Justens (Stefan), Trams in de Ardennen - Les Trams Vicinaux en Ardenne, Uitgeverij Ostendis, Zaventem, 2001
FACS: Histoire des Chemins de Fer secondaires - 08: Département des Ardennes
Les données principales de cet article ont également été publiées sur Wikipédia sous le titre « Les tramways vicinaux de Poix ».